Rêve Premier: Un jour, je volerai à nouveau.
Le soleil se levait sur la mer encore assoupie.
A cette heure de la journée, mer et ciel se mélangeaient prenant les teintes du feu.
Ciel en feu, mer en feu. Le vent soufflait, attisant les flammes du jour nouveau.
Tout était silencieux, de ce silence solennel des grands moments. Rien ne troublait la quiétude de cette prairie enflammée.
Elle se tenait droite au bord de la falaise. Son regard reflétait le brasier du matin.
Le vent soufflait. Il venait caresser son visage, son corps et ses ailes.
Elles étaient blanches, comme les nuages dans le ciel.
Blanches, comme la pureté.
Blanches, comme la neige.
Des plumes. Blanches, fragiles. A chaque brise, le vent aurait pu les briser, faire voler ces rêves de liberté en éclat. Pourtant, elles résistaient. Elles ne disparaissaient pas.
Elle ne bougeait pas. Immobile, scrutant l’horizon. Pour elle, le temps s’était arrêté. Chaque seconde lui semblait être une éternité, l’éternité une seconde.
La créature déploya ses ailes, cherchant à se séparer de la terre familière. Elle cherchait à changer de vie, changer de destin, changer de monde. Elle se jeta dans le vide. Oser. Aller vers l’inconnu. Tomber. Chuter.
La chute ne dura pas longtemps. Elle commença à planer puis à battre des ailes, se rapprochant de l’eau en feu. Il était agréable de voler ce matin.
Amaya, l’être ailé, sentait le vent s’engouffrant sous ses ailes, lui permettant de quitter la terre ferme. Elle sentait la brise sur son visage, douce et agréable. Elle sentait la force de ses ailes, l’énergie qui lui était nécessaire pour voler. Elle sentait chaque muscle bouger en harmonie avec le reste de son corps, elle sentait la force qu’elle investissait dans chaque battement d’ailes, elle sentait chaque plume qui bougeait. Elle pensait à chaque mouvement, appréciant cet instant.
Maintenant, elle comprenait. Elle comprenait ce que pouvait ressentir un oiseau quand il vole. Elle comprenait ce sentiment d’infinie liberté. Ce sentiment de ne dépendre de rien ni personne. Ce sentiment de n’être attachée nulle part, à rien ni à personne. Ce sentiment de ne pas avoir à revenir.
Du bout de ses doigts, tout en continuant à voler, elle effleura la mer. Elle voulait se diriger vers l’horizon, toujours plus loin. Le passé, la terre ferme, c’était derrière elle. Elle volait vers un nouveau futur, un nouveau lendemain.
Mais un jour, il fallait bien qu’elle se pose à nouveau.
Elle savait qu’un jour, elle finirait par voler à nouveau.
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Elle ouvrit les yeux. Ce n’était qu’un rêve...
Elle devait retourner à la réalité. Ses ailes avaient disparu.
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Fin du rêve.